11/08/2015






Yvonne, ma mère et moi

J'ai toujours connu Yvonne. Elle habite un petit hameau du Puy-de Dôme. Elle a toujours vécu dans la même maison, elle y est même née. Ses parents sont morts, ils l'étaient déjà quand je suis né, donc je l'ai toujours connue seule. Ces dernières années, elle se plaignait un peu, elle était en moins bonne forme, les hivers sont longs, rigoureux, au village, il n'y a presque personne où que quelques individus de sa génération, qui eux aussi ont toujours vécu là. Et ils ne se parlent pas, ou presque pas, ils s'assurent juste de savoir que l'autre est encore là, de savoir comment il va. Et tous, ou presque, sont en bonne forme, du moins, ils sont animés d'un vrai désir de vie. Mais pour Yvonne, ça devenait difficile alors elle a fait la demande pour une chambre dans une maison de retraite dans le village le plus proche. Lorsque j'ai fait ces photos, elle était d'humeur joviale, elle avait un sourire qui ne l'a pas quitté de tout le temps où nous sommes restés. Elle nous a annoncé qu'elle partait en maison de retraite et que l'été, elle pourrait revenir passer des journées dans sa maison. Elle piaffait d'impatience d'y être, de retrouver beaucoup d'amis, de faire des activités. Et j'ai trouvé ça vraiment cool, qu'elle ait cette envie et qu'elle puisse me proposer une vision de la maison de retraite autre que celle d'un mouroir.