11/08/2015


Rue Baraban

J'ai longtemps vécu dans ce quartier du 3ème arrondissement de Lyon. Près de la gare de la Part-Dieu, quartier en mutation constante depuis des années. J'y repasse en marchant des années après y être repassé et avoir pris en photo la façade de l'immeuble devant lequel je me trouve. Rien n'a bougé, la façade n'a pas été ravalée, la bâche-filet jaune n'a pas été enlevée, elle est juste plus terne. Auparavant, je marchais et scrutais le sol pour observer des plantes, des herbes, de la mousse qui poussent dans les moindres interstices de béton et de bitume, qui se fraient un passage dans les conditions les plus improbables de croissance. Je repensais à l'interview sur France-Inter entendue quelques jours avant, de Laurent Ballesta, photographe et biologiste marin. Il parlait de la faculté de certains organismes à perpétuer leur espèce, à perpétuer la vie en milieux très hostiles. Il expliquait comment la vie organique se débattait pour exister, en toutes conditions. Et je m'arrête devant la façade de cet immeuble et commence à la photographier, et un homme me voit, vient me voir et il me dit « mais tu photographies quoi là ? Y a quoi de particulier ? ». Alors je lui dit que j'ai vécu pas loin pendant quelques années, que j'aime bien cet immeuble et que cette plante me rappelle une plante tropicale, de celles que je peux voir en Guyane et que je trouve ça dingue de la voir se développer comme ça dans cet environnement. Je luis dit « regarde par terre, ça pousse partout ! ». Il regarde amusé et me dit « ouais ouais », l'air pas du tout aussi emballé que moi. Alors il me demande « c'est bien la Guyane ? Y a du bon shit là-bas ? » en insistant bien. Je commence à rigoler car je ne m'attendais vraiment pas à cette question. Je lui réponds qu'il y a surtout de l'herbe mais il s'en fout, il est déjà à la question suivante : « Et y a des belles gonzesses là-bas ? ». Je lui réponds que oui, il y a des brésiliennes, pensant que ce cliché là allait le faire réagir d'une façon ou d'une autre et que ça pouvait être drôle à entendre vu son côté très cinématographique. Mais rien, il s'est marré et est parti.